La retraite CNAV est-elle vraiment défavorable aux femmes ?

lundi 20 avril 2015

Selon une étude du régime général de retraite, la pension retraite des femmes est plus souvent minorée que celles des hommes. Pourtant, une étude de la DREES démontre l’inverse. Simul-retraite fait le point sur la retraite des femmes.


Plus de retraite avec décote pour les femmes

Rappelons-le, l’assuré qui décide de prendre sa retraite, sans avoir la durée d’assurance requise (le nombre de trimestres requis dépend de l’année de votre naissance), voit le montant de sa pension réduite par application d’une décote, soit un abattement sur sa pension retraite.

D’après l’étude de la CNAV, le plus souvent ce sont les femmes qui partent à la retraite avec une décote. Ainsi, 55 000 femmes salariées, nées en 1948 et parties en retraite au 1er janvier 2013, ont fait l’objet d’une décote, contre 48 000 pour les hommes.


Une majoration pour enfants qui rééquilibre ?

A l’inverse, la Direction de la recherche, des études et des statistiques (DREES) démontre dans son étude du 29 janvier dernier que, grâce aux majorations pour enfants, les femmes étaient très présentes dans le groupe des retraités à carrières complètes dès l’âge légal de départ à la retraite.

Cette majoration de durée d’assurance est de 8 trimestres au maximum par enfant : 4 trimestres au titre de la maternité automatiquement pour la mère et 4 au titre de l’éducation attribués au choix à la mère ou au père, selon l’année de naissance de l’enfant.

La DREES précise en ce sens que les femmes sont majoritaires parmi les personnes ayant la durée d’assurance requise pour partir sans décote à l’âge légal de la retraite.

A titre d’exemple, pour la génération née en 1954, les femmes représentaient 52% du groupe « pouvant à 30 ans espérer atteindre la durée minimum dès l’âge d’ouverture des droits ». C’est encore plus signifiant pour la génération née en 1978, les femmes sont 70%.


Des informations pas si contradictoires

Si les résultats de ces deux études peuvent nous laisser perplexes, il convient d’y apporter plusieurs explications.

En premier lieu, l’étude de la CNAV et celle de la DREES n’ont pas pris les mêmes générations de référence (1948 contre 1954 et 1978). Or, le parcours professionnel type d’une femme née en 1948 n’est pas identique à celui d’une femme née en 1978.

De fait, le nombre de carrières « heurtées » ou de « carrières à trous » marquées, notamment, par l’absence d’une reprise d’activité après la naissance d’un enfant ou par une accessibilité moindre au marché du travail tend à diminuer. Dés lors, l’hypothèse d’un départ en retraite à taux minoré tend à baisser. Ce phénomène explique la différence constatée par la DREES entre les générations 1954 et 1978.

En second lieu, l’étude de la DREES est à mettre en perspective avec l’augmentation de la durée d’assurance pour obtenir une retraite à taux plein. Ainsi, la majoration pour enfant est aujourd’hui diluée par l’augmentation de la durée d’assurance requise pour le taux plein.

L’objectif de la majoration pour enfant est de pallier à la diminution d’activité liée à la maternité et non de combler l’écart générationnel. Dans ce sens, le rapport Fragonard a été récemment présenté au gouvernement. Une prochaine réforme pourrait voir le jour afin que ce dispositif soit le plus adapté à la situation des femmes quelque soit leur parcours.

Et vous qu’en est-il de votre retraite ?

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