Un laboratoire d’idées aurait-il la solution au problème des retraites ?

jeudi 23 avril 2015

Interview - Jean-Michel Girardon vient d’être élu nouveau Président de Génération ERIC. En exclusivité, il dévoile le dispositif que le think tank souhaite mettre en place dans les entreprises françaises.


« Nous défendons un modèle mixte : répartition et capitalisation »

Simul-retraite.fr : Pouvez-vous nous présenter en quelques lignes Générations ERIC ?

Jean-Michel Girardon, Président de Génération ERIC dispose de 25 ans d’expertise dans la protection sociale et de l’assurance de personne :

Jean-Michel Girardon : « C’est un Think Tank créé fin 2012, un laboratoire d’idées pour promouvoir la retraite par capitalisation pour tous dans notre pays en complément de la répartition. Nous défendons un modèle mixte : répartition et capitalisation. C’est une structure apolitique, ni de gauche, ni de droite, mais fermement engagée pour que notre pays apporte une solution pérenne aux besoins de la retraite et de l’accompagnement du vieillissement de nos concitoyens. Il est financé essentiellement par ses adhérents, ce qui est un gage d’indépendance.

Je suis très heureux d’en prendre la présidence, car cela rejoint mes convictions les plus profondes et l’équipe autour de moi ainsi que le Conseil d’administration sont très mobilisés pour m’aider à réaliser l’ambition que nous poursuivons, laquelle est un facteur de grande cohésion.

A travers le corpus déjà constitué, j’ai pu vérifier le niveau d’expertise et de professionnalisme des membres des groupes de travail sur toute le chaîne de valeur, de la conception en amont des dispositifs jusqu’aux questions de la gestion d’actifs des sommes épargnées : la FNMF, le CTIP, PRO BTP, COVEA, MAXIMIS RETRAITE, AXOS, CBC Conseil, BNP PARIBAS SECURITIES SERVICES, RUSSELL INVESTMENTS, LUSENTI PARTNERS, ‎AAAIC (Active Asset Allocation International Consulting), etc. pour donner une idée de l’étendue des compétences réunies. »


En France, l’épargne retraite est trop complexe et inégale

Pourquoi l’épargne salariale doit avoir un rôle important dans la préparation de la retraite ? Les dispositifs existants peuvent-ils être améliorés ?

Jean-Michel Girardon : « L’épargne salariale est un dispositif alimenté par les primes de participation, d’intéressement et le cas échéant, par un abondement de l’employeur. Cela signifie que le mécanisme de base de cette constitution de l’épargne est dépendant des profits réalisés par l’entreprise et des modalités de répartition négociées dans le cadre d’accord d’entreprise, voire de branche. Les flux peuvent être versés aux salariés ou investis dans des plan d’épargne d’entreprise ou des plans de retraite, dits PERCO.

Cela conduit à plusieurs constats : l’épargne-salariale est surtout une épargne de projet qui n’est pas orientée totalement sur la retraite, et c’est tant mieux, car les besoins des salariés sont divers (pouvoir d’achat, achat de biens d’équipements, financement des études des enfants, apport personnel pour l’acquisition d’une résidence principale). D’ailleurs, l’âge moyen des souscripteurs du PERCO est en moyenne de 45 ans.

Ensuite, les flux ne sont pas réguliers à l’image des bénéfices des entreprises. Ensuite, c’est un dispositif qui ne pénètre que très lentement dans les PME et selon les secteurs, car beaucoup d’entre elles ne dégagent pas suffisamment de résultats et la fiscalité, qui s’est alourdie ces dernières années par l’augmentation du forfait social, freine les dirigeants pour s’engager dans des accords. Mais il n’en reste pas moins que c’est un bon dispositif car il permet à des salariés à bas et moyen salaires de pouvoir se constituer une épargne.

Néanmoins, si je fais le total de l’épargne salariale et de l’épargne retraite en France, c’est un niveau extrêmement faible au regard des besoins de compléments de retraite. Donc, nous faisons le constat qu’il y a trop de formules, trop de complexité, peu de portabilité, une très grande dépendance aux avantages fiscaux, une épargne très inégalement répartie, etc. Certes, il y a l’assurance-vie, là encore très concentré sur les hauts revenus, mais ce n’est pas un vrai produit retraite. »

Un nouveau dispositif simple en complément de la retraite par répartition

En quoi votre proposition de nouveau dispositif de retraite par capitalisation, la RDR, Rémunération Différée de Retraite peut changer les choses ?

Jean-Michel Girardon : « Notre dispositif, conçu dans ses principes par Maître Serizay de Capstan et avec lequel nous avons travaillé depuis plus d’un an, est très différent. Ce n’est pas un système de partage de profits comme l’épargne salariale. Ce n’est pas un contrat assurantiel, du type art.83 ou art. 82 non plus.

C’est un dispositif de capitalisation, individualisé, portable en France comme en Europe, ce qui est essentiel pour la mobilité professionnelle des jeunes, contributif, donc qui entre dans un régime de droit commun. Il n’est pas soumis à Solvabilité 2 mais à IORP, ce qui est très important en matière d’allocation d’actifs des sommes capitalisées. Son rendement est très proche des contrats collectifs d’épargne retraite, malgré son caractère contributif. Voilà pour l’essentiel.

Nous considérons que c’est une vraie réponse aux besoins d’un complément de la retraite par répartition. Nous sommes en train de tester sa robustesse avec un de nos adhérents, un important groupe de protection sociale. En tant que Think Tank, notre préoccupation n’est pas de nature marketing, mais sociale et économique. D’où ce travail patient de contrôle de toutes ces facettes opérationnelles. J’ai bon espoir que nous pourrons le présenter officiellement dans quelques mois. »

Interview de Jean-Michel Girardon, Président de Génération ERIC réalisé par la

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