Anticiper la dépendance, tabou ou problème financier ?

lundi 27 juillet 2015

Alors qu’en 2050, 11 millions de français auront plus de 75 ans, la dépendance n’est pas un sujet pour les actifs. Les français sont seulement 1 sur 8 à l’anticiper. Quelles sont les raisons ? Quelles sont les solutions pour se préparer ?


Les 3 freins à surmonter pour parler dépendance

Un tabou familial difficile à briser

La mutuelle CARAC a publié une étude d’après laquelle 90% des français considèrent l’entraide familiale comme « évidente » et 98% estiment que parler d’argent en famille n’est  pas tabou. Pourtant, envisager la perte d’autonomie et le décès de ses proches restent des sujets générateurs d’angoisse. Quand la plupart considère ces discussions comme difficile à aborder et préfère parler de choses plus joyeuses, les autres pensent que s’ils en parlent alors que leurs parents vont bien, « ils risquent de leur arriver quelque chose ».

Si la préparation de l’avenir peut être un bon tremplin à la discussion, aborder le sujet avec des professionnels de santé et de l’assurance peut aussi être un bon moyen de relativiser.


Une lourdeur administrative encore trop présente

D’après une étude réalisée par le gouvernement en 2014, la complexité administrative jouerait un rôle important dans l’appréhension des français. 

En effet, 24 % des usagers confrontés aux démarches liées à la perte d’un proche les qualifient de « trop compliquées ». Si ce chiffre reste important,  le tableau n’est pas si noir que ça puisqu’ ils sont tout de même 16% de moins qu’en 2008.               

Un cruel manque d’informations

Aujourd’hui,  4 personnes sur 10 ne se sentent pas concernées par ce problème et ne développent en ce sens aucune stratégie de couverture. Les études de la CARAC et de l’INSEE révèlent que le manque d’informations sur les solutions envisageables et l’éloignement temporel entre la souscription à une assurance et la survenue du risque  joue un rôle important dans le déni des français. En effet, si une personne s’assure à 50 ans, ce n’est en moyenne que 30 ans plus tard que la dépendance survient.

Maintien à domicile ou maisons médicalisées ?

Lors de la survenue de la dépendance d’un membre de la famille, les solutions adoptées par les français sont les suivantes :

  • Sans surprise, 77% des français priorisent le maintien à domicile en adaptant le domicile ou en faisant appel à une aide ;

  • Le recours à des organismes extérieurs comme les résidences médicalisées ou les maisons de retraite est en deuxième position. Les familles d’accueil, encore peu connues retiennent seulement 6% des suffrages ;

  • Malgré le coût des options précédentes, l’accueil des parents à son propre domicile est en dernière position et tend à le rester.

Si plusieurs solutions en termes d’accompagnement existent bel et bien, qu’en est-il de leur financement ?

Peu d’anticipation malgré une explosion du risque de dépendance

En 2011, le coût de la dépendance représentait près de 30 milliards d’euros. Plus de 21 milliards restaient financés par l’Etat via la journée de solidarité pour les actifs ou encore la contribution de solidarité autonomie pour les retraités. A l’heure où tous les regards sont tournés vers le déficit des retraites, l’INSEE rappelle que selon toute vraisemblance, le poids financier du risque dépendance sera supérieur au risque retraite après 2050.

Aujourd’hui, plusieurs dispositifs d’aide au financement de la dépendance sont mis en place :

  • En premier lieu, le recours à l’APA, l’Allocation Personnalisée d’Autonomie. En 2012, plus d’un million de personnes bénéficiaient déjà de cette allocation. Cette dernière permet de financer un plan d’aide aux personnes de plus de 60 ans dépendantes, comprenant par exemple la rémunération d’une aide à domicile, de services concernant le transport, la livraison des repas ou encore l’adaptation du logement. Le montant de l’allocation versée dépend de l’étendue de la dépendance. Selon les projections de l’INSEE, le nombre de bénéficiaires devrait doubler d’ici 2060.

  • Face à l’ampleur de ce phénomène, le gouvernement entend encore développer son intervention. Un projet de loi sur l'adaptation de la société au vieillissement doit en principe entrer en vigueur le 1er janvier 2016. Deux mesures phares marquent ce projet : l’augmentation de l’allocation APA tout d’abord et l'octroi d'une enveloppe pouvant atteindre 500 euros pour les proches aux revenus les plus modestes en vue de leur permettre de financer un hébergement temporaire de la personne dépendante et ainsi, de souffler un peu.

  • Ensuite, le recours aux assurances dépendance privées pouvant verser une rente à vie en cas de perte d’autonomie totale ou partielle. Aujourd’hui, le nombre de personnes assurées à long terme ne dépasserait pas 2 millions, même si près d’1 français sur 3 considère la dépendance comme l’un des évènements les plus lourds à supporter financièrement.

Malgré une lente progression, ces chiffres parlent d’eux-mêmes et les pratiques d’épargne restent aujourd’hui quasi-inexistantes alors que les plus de 65 ans étaient déjà près de 12 millions en 2014. Le constat est tel que la vente du patrimoine immobilier reste encore une décision souvent envisagée pour financer la dépendance.

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