La réforme du régime de retraite complémentaire ARRCO et AGIRC, survenue le 30 octobre 2015, a introduit plusieurs mesures destinées à assurer la pérennité des caisses de retraites complémentaires des salariés non-cadres et cadres pour les décennies à venir.
Pour bénéficier immédiatement de sa retraite complémentaire à taux plein, un bénéficiaire devra désormais travailler une année supplémentaire après avoir atteint le taux plein de sa retraite du « régime général », soit 63 ans au lieu de 62 ans.
A défaut, il s’expose à un malus temporaire de -10 % sur sa retraite complémentaire pendant trois ans. Associé à la baisse probable du rendement des points ARRCO et AGIRC de 6,5 % aujourd’hui à 6 % à terme, l’impact de cette mesure pourrait être extrêmement douloureux selon le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) pour les générations nées à partir de 1990, et induire une baisse de 18 % de leur retraite complémentaire.
L’analyse effectuée par Emmanuel Grimaud, Président de Maximis conseil et Simul-Retraite.fr tend à invalider la prévision du COR, ou du moins à la nuancer très fortement.
La baisse annoncée de 18 % ne peut en effet être retrouvée que dans un scénario très spécifique : celui d’un jeune né en 1996 et non pas 1990, n’ayant encore jamais cotisé à l’âge de 20 ans et qui déciderait donc de partir après 42 ans d’activité en 2058 sans effectuer l’année supplémentaire… Et ce uniquement si le rendement du point ARRCO AGIRC tombe à 6 % dès 2016, ce qui n’est pas à l’ordre du jour !
Deux clés de lecture permettent de mieux comprendre et de relativiser les pourcentages annoncés par le COR.
Rappelons tout d’abord que ces derniers s’appliquent spécifiquement à la part de la retraite complémentaire au sein de la pension : si cette part ne représente par exemple que 50 % de votre retraite, alors une décote annoncée de 10 % n’entraînera logiquement qu’une baisse de 5 % de votre pension de retraite.
Les chiffres du COR, surtout, occultent le caractère temporaire de la décote, laquelle ne s’applique que pendant trois ans alors qu’un nouveau retraité a devant lui une espérance de vie moyenne de 25 ans.
Ramené à la pension versée tout au long de sa vie, un cadre né en 1959 ne perdra ainsi que 1 % environ de sa retraite complémentaire ou 0,5 % de sa retraite complète si le point ARRCO AGIRC passe à 6 % cette année, et jusqu’à 1,8 % en cas de décote pendant trois ans.
Dans le cas d’un cadre né en 1990, la baisse immédiate du point lui ferait perdre 5 % de sa retraite complémentaire, et jusqu’à 6 % en cas de décote pendant trois ans.
Des sommes non négligeables, certes, mais très éloignées de celles évoquées par le COR.
Ecrit par la rédaction de Simul-retraite.fr