La réforme des retraites prévoit la suppression des 42 régimes de retraite existants au profit du régime universel à points. Avocats, fonctionnaires, médecins, pilotes, kinésithérapeutes ... de nombreuses professions se mobilisent en cette rentrée pour contester ce projet de réforme.
Alors, pourquoi ?
Les principaux concernés s’inquiètent d'une forte hausse des cotisations et d'une baisse potentielle du montant de leur future retraite.
" Nous sommes avocats, hôtesses, stewards et pilotes, professions libérales - médecins, paramédicaux, chirurgiens, kinésithérapeutes. Nous sommes 700 000 professionnels qui, tous les jours, transportons, soignons et défendons nos concitoyens (...), réunis contre les propositions de Jean-Paul Delevoye sur la réforme des retraites "
Extrait de la tribune du collectif SOS-Retraites dans le Journal du Dimanche (15 sept.)
Le collectif SOS-Retraites souhaite défendre les régimes autonomes de retraite complémentaire des professions libérales et la "prise en compte des particularités de leur activité".
Les avocats craignent l'unification des taux de cotisation retraite en un taux unique de 28,12 %.
En pratique, les avocats qui s'opposent à la réforme déclarent cotiser aujourd'hui à un taux de 14 %.
Ils doubleraient donc leurs cotisations retraite.
Au-delà du doublement des cotisations, la prise en compte du statut d'indépendant pose aussi des questions. Les cotisations retraite des salariés et des fonctionnaires seront prises en charge à 60 % par l'employeur, alors que les avocats indépendants (ou l'ensemble des indépendants) supporteront à leur charge l'intégralité du taux de cotisation de 28,12 % (sur les 40 000 premiers euros gagnés).
A noter :
Dans le cadre de la réforme, le taux de cotisation globale des indépendants serait de 28,12 % pour les revenus compris entre 0 et 1 plafond de la sécurité sociale (soit entre 0 et 40 000 €).
Le taux de cotisation globale serait de 12,94 % pour les revenus dépassant 40 000 €, dans la limite du plafond de 120 000 €.
"La moitié des avocats gagnent moins de 44 000 € par an" (Les Échos).
Les avocats dont les revenus se situent dans la première tranche seraient lourdement impactés par le passage d'un taux de 14 % à un taux de cotisation globale de 28.12 %.
Les professions libérales, comme les infirmiers et kinésithérapeutes libéraux, craignent également un doublement de leur taux de cotisation.
#RéformeRetraites A partir de 2025
Quand les salariés cotiseront à un taux de 11.25 %,
les indépendants devront supporter l'intégralité du taux de 28.12 %
(dans la limite de 40 000 € de revenus annuels)
Les médecins non conventionnés redoutent eux la baisse de leurs pensions.
"Si l'on met une cotisation unique à 28 % (contre 20 % actuellement), les médecins risquent d'avoir une effort contributif plus important sans forcément obtenir une meilleure pension".
Le syndicat des médecins libéraux, l'UFLM, craint aussi la suppression, dans le cadre de leur régime supplémentaire ASV, de la prise en charge de leurs cotisations par l'Assurance maladie. En effet, les deux tiers des cotisations des médecins libéraux à l'ASV sont aujourd'hui financés par les Caisses maladie. Le syndicat s'inquiète de cette suppression en indiquant que l'ASV "représente en moyenne entre 5 500 € et 5 900 € d'économies par an pour un médecin libéral".
Les pilotes, les hôtesses de l'air, les stewards s’inquiètent plutôt de leur futur âge de départ à la retraite.
Yves Deshayes indique que les "pilotes souhaitent conserver la possibilité de partir à la retraite entre 60 et 65 ans". La raison ?
"Après 35 années de vols de nuit et de décalages horaires, certains pilotes sont trop fatigués pour continuer".
"Même si certaines spécificités seront prises en compte, des règles communes s'appliqueront à tous."
Rapport Delevoye
Édouard Philippe se dit prêt à étudier le cas des professions les plus "lésées" par la réforme.
Les concertations avec les partenaires sociaux devraient permettre au gouvernement de prendre le temps d'étudier les cas les plus durement impactés par le passage au régime universel : infirmières, aides-soignantes, enseignants ...
Le chef du gouvernement a précisé la nécessaire prise en compte des carrières longues et de la pénibilité.
"La pénibilité est prise en compte dans le système actuel et a vocation à perdurer dans le système futur"
Les professions, dont le passage au régime universel est le plus compliqué, devraient donc connaître une transition progressive vers le régime universel. La transition devrait prendre en compte les spécificités de chaque régime et conserver quelques avantages pour ces statuts.
De plus, le projet de réforme permettrait aux assurés de conserver tous leurs avantages acquis avant 2025. Les personnes nées avant 1963 ne connaîtront aucun impact de la réforme sur leur future retraite. Les assurés qui connaîtront le basculement du système actuel au système universel sont celles et ceux né(e)s à partir de 1963.
A suivre !
Les dates à retenir des mobilisations à venir contre le projet de réforme :
A ce jour, aucune précision sur la mobilisation des enseignants et des "gilets jaunes" contre le projet de réforme.
La RATP discute la question d'une "grève illimité" avant la fin de l'année 2019.
Ecrit par la rédaction de Simul-retraite.fr