#LaGrandeConfrontation : le débat du mercredi 9 octobre, retransmis sur LCI, opposait Jean-Paul Delevoye à 10 actifs français. Alors, que retenir de ces 10 interventions ?
Dans cette deuxième partie, trois profils pour comprendre les revendications des professions libérales.
Quelques informations avant de découvrir ces profils
Regardez maintenant la Grande Confrontation en intégralité.
* A visionner à la 21ème minute du replay LCI
Le profil
Peggy d'Hahier est infirmière libérale à St-Maur des Fossés dans le Val-de-Marne.
Elle travaille 80 heures par semaine, 7 jour sur 7. Son revenu se situe entre 3 500 € et 4 000 € par mois.
Elle se dit opposée à la réforme qui selon elle, lui "coûterait cher".
Pourquoi ?
Ses craintes
"Le Président Macron n'aime pas que l'on parle de pénibilité au travail. En tout cas, si notre métier n'est pas pénible, il est extrêmement difficile ! Et cela devrait être reconnu."
En tant que libérale, Mme d'Hahier craint que la hausse du taux de cotisation entraîne "une perte de 6% de son revenu".
Selon elle, l'augmentation de ses cotisations entraînerait une perte de revenu du fait d'une hausse de ses charges. Du fait du plafonnement de la prise en charge de ses soins, elle se demande "comment faire pour assumer un doublement des cotisations ? N'assiste-t-on pas à une "uberisation" de la profession et une fragilisation du système de santé français" ?
La réponse de Jean-Paul Delevoye
"Sur 3 millions d'indépendants, il y a près de 600 000 libéraux. Nous allons passer le taux de cotisation de 14 % à 28 %. Notre raisonnement est que si on veut faire passer tout le monde à 28 %, nous devons trouver avec les syndicats un chemin profession par profession pour qu'il n'y ait pas d'impact sur votre équilibre économique".
Nous comprenons que le Haut-commissaire se réfère au niveau de vie des actifs.
"Vous avez deux matinées de consultations par semaine, une permanence dans une maison de retraite ...
Quand on fait ce type de métier, est-ce que ce n'est pas difficile de travailler ?
N'avez-vous pas envie de vous reposer ?"David Pujadas
Son profil
Christian Chenet est âgé de 98 ans. Il exerce toujours sa profession de médecin dans un désert médical (à Chevilly-Larue dans le Val-de-Marne).
Le médecin voit dans sa retraite une opportunité de rester actif, de "faire quelque chose". Il travaille donc pour le sentiment d'utilité et pour le lien social qu'il continue d'entretenir avec ses patients.
"La façon dont les infirmières sont traitées en France est vraiment inadmissible."
Le médecin de 98 ans est logiquement favorable au prolongement de l'activité prévue dans le rapport Delevoye (avec l'âge pivot de 64 ans).
Ceci dit, ses craintes portent sur la prise en compte de la pénibilité pour les métiers les plus difficiles.
Il défend la situation des infirmières qui seraient lésées selon lui. Il reproche au statut du métier d'infirmière de mal prendre en compte la pénibilité.
"Les colonnes abîmées, j'en vois dans deux catégories : les infirmières et les maçons. [...] C'est un métier extrêmement dur ! Quand elles ont 45 ou 50 ans, on devrait leur permettre de faire autre chose. En médecine, il y a du travail ! On ne peut pas faire le même métier jusqu'à la fin de ses jours", surtout dans ces conditions.
La réponse de Jean-Paul Delevoye
Son profil
Jean-Yves Leborgne est un avocat pénaliste de 69 ans.
Il se dit très méfiant du sujet de la réforme des retraites version Macron.
"Il faudrait nous laisser tranquille, nous avons notre propre régime de retraite qui fonctionne bien. Les réserves sont largement excédentaires."
Propos rapportés par David Pujadas et approuvés par Me Leborgne.
"Les avocats et un certain nombre d'autres professions libérales [...] ont fait face seuls à toutes les difficultés sociales, a commencer par la retraite. Aujourd'hui, nous avons une caisse de retraite qui marche bien mais qui va aussi bien marcher pendant un certain nombre d'années".
Ses critiques
L'avocat défend le niveau de réserve de la CNBF qui fait que les avocats n'ont "pas besoin de ce système universel dans lequel [ils ne trouveront] aucun intérêt.
"Est-ce une raison suffisante pour s'y opposer ? Est-ce qu'au fond vous ne seriez pas en droit de nous dire : "vous, les avocats, les professions libérales, vous êtes des favorisés" ?
Quand on entend Mme D'Hahier, infirmière libérale, le caractère favorisé ne me semble pas être une absolue évidence".
L'avocat rejette donc :
La réponse de Jean-Paul Delevoye
Le Haut-commissaire indique que le régime autonome des avocats est passé d'un ratio de 9 actifs pour 1 retraité, à plus de 4 actifs pour un retraité aujourd'hui. La chute de ce ratio démographique dans les années à venir constitue un argument pour Jean-Paul Delevoye qui précise que les avocats ont tout intérêt à basculer sous le futur régime universel.
Il prend aussi en exemple le cas des agriculteurs qui bénéficiaient en 1945 au lendemain de la guerre d'une démographie largement favorable, selon lui le résultat est qu'aujourd'hui "85 % des retraites des agriculteurs sont financées par l'impôt".
"Si vous me demandez de corriger en faveur des femmes des inégalités, je revendique cette dimension politique."
Jean-Paul Delevoye