Les femmes perçoivent des retraites 25 % inférieures à celles des hommes.
Comment le système actuel corrige-t-il certaines inégalités ? Quelles sont les limites de ce système ?
Découvrez les dispositifs correctifs prévus par le régime universel proposé par Jean-Paul Delevoye.
D'après la DREES, la pension moyenne d'une femme retraitée est de 1 065 € brut par mois. La pension moyenne d'un homme est de 1 739 € par mois !
Conséquence actuelle d'un mode de calcul qui privilégie les carrières à temps plein et les parcours professionnels ascendants, les femmes souffrent en moyenne d'un écart de pension d'environ 25 % avec celui des hommes, après avoir tenu compte des dispositifs de réversion.
En effet, celles-ci connaissent plus fréquemment des interruptions de carrière pour maternité et congé parental. Elles sont aussi plus concernées par le travail à temps partiel et bénéficient de salaires inférieurs.
Quelle est la situation des inégalités actuelles entre hommes et femmes ? Comment le système actuel tente-t-il de corriger les inégalités ?
Quid de la nouvelle réforme des retraites annoncée à l'horizon 2025 ?
Les majorations de trimestre pour enfants
Des dispositifs existent pour atténuer ces inégalités.
Pour les enfants nés avant 2010, un supplément de 8 trimestres par enfant est offert aux femmes : 4 au titre de la maternité et 4 au titre de l'éducation (accordé aux mères dès le premier enfant).
Pour les enfants nés à compter du 1er janvier 2010, 4 trimestres pour enfants sont automatiquement attribués à la mère, les 4 autres devant être accordés au choix entre le père et la mère (en l'absence de choix, ils reviennent à la mère).
Le minimum contributif
Selon les derniers chiffres de l'INSEE, l'écart du revenu salarial entre hommes et femmes est de 23,7 %.
Les femmes sont en effet plus impactées par le travail à temps partiel, par les carrières hachées (du fait de la maternité notamment) et atypiques.
Par exemple, quand 8 % des hommes travaillent à temps partiel, plus de 30 % des femmes sont dans cette situation.
Connaissant une situation plus précaire que celle les hommes, les femmes sont donc les principales bénéficiaires du minimum contributif.
Le minimum contributif est le plancher de pensions calculée par la CNAV en fonction d'une durée d'assurance.
Le minimum contributif représente aujourd'hui 81 % du SMIC pour les salariés du privé.
En pratique, le minimum contributif est aujourd'hui fixé à 695,59 € en 2019.
Le point sur la réversion
La réversion comporte aujourd'hui une dimension solidaire pour les femmes. D'après l'étude de la DREES, en 2017, la pension de droit direct* des femmes était inférieure de 39 % en moyenne à celle des hommes. La pension de réversion compense bien ces inégalités : l'écart hommes-femmes passe de 39 % à 25 % après prise en compte des droits dérivés (dont la réversion).
Malgré ce mécanisme de compensation, les femmes touchent donc des retraites 25 % inférieures à celles des hommes.
Comment la réforme des retraites prévoit-elle de lutter contre cette inégalité de revenu ?
La réforme des retraites annoncée devrait apporter des modifications en faveur des femmes. Le rapport Delevoye prévoit une majoration de 5 % des points pour chaque enfant, dès le premier. Des familles nombreuses de 5 enfants pourraient, par exemple, bénéficier de 25 % de majoration.
La majoration de 5% par enfant s'appliquerait au couple.
Le couple devrait choisir comment se partager cette majoration.
Source : Rapport Delevoye
[ Infographie ] Le point sur les majorations avant / après la réforme des retraites
Âge de départ
Les femmes sont les plus concernées par les carrières heurtées, atypiques. Celles-ci partent en moyenne plus tardivement que les hommes pour compenser le déficit de trimestres validés pour accéder à une retraite au taux plein.
Avec l'âge d'équilibre fixé à 64 ans, les assurées n'auront plus à attendre 67 ans pour accéder au taux plein automatique. Elles pourront bénéficier du taux plein dès 64 ans. Passé cet âge d'équilibre, les assurées bénéficieront d'une surcote sur leur pension de retraite (5 % par année supplémentaire).
Pension de réversion
La réforme prévoit d'uniformiser les 13 règles de réversion actuelles en un seul et unique dispositif, garantissant la perception de 70 % du montant total des pensions que touchait un couple avant la disparition d'un des conjoints.
L'objectif de cette réforme de la réversion est d'assurer au bénéficiaire avant tout un niveau de vie similaire avant et après le décès du conjoint titulaire.
Le point sur la future réversion : comment la calculer dans le système universel ?
Minimum retraite
"Un dispositif harmonisé garantira un niveau de retraite minimum aux assurés ayant eu de faibles revenus pendant leur carrière".
Rapport Delevoye
Enfin, le rapport remis en juillet dernier prévoit l'assurance d'un montant minimal de pension à hauteur de 85 % du SMIC contre 81 % actuellement pour les salariés du privé et 75 % pour les agriculteurs. Ce nouveau minimum contributif permettra notamment, de valoriser les pensions des retraités ayant longtemps travaillé à temps partiel.
Le minimum retraite avant / après la réforme des retraites
Si les 8 trimestres de majoration pour enfants ne sont pas directement compensés dans le futur système, il est bon de s'intéresser au cas de l'âge d'équilibre.
Deux points de réflexion sur l'étude de l'IPS :