Les enjeux de la réforme des régimes spéciaux sont multiples et complexes, d'autant plus qu'ils ne représentent qu'une partie mineure de l'ensemble du projet de réforme des retraites proposé par Jean-Paul Delevoye.
Initiée par les syndicats des régimes spéciaux et des enseignants, la mobilisation interprofessionnelle du 5 décembre a rassemblé plus de 800 000 personnes contre la réforme des retraites.
Parmi ces manifestants figuraient les agents de la RATP et de la SNCF.
Quelles sont leurs revendications ?
Le rapport Delevoye précise les enjeux de la réforme. Ce rapport envisage la création d'un système universel à points dans lequel tous les actifs seraient soumis au même régime de retraite. Le projet Delevoye indique qu'un "euro cotisé doit donner les mêmes droits pour tous". Selon les spécialistes, le but de cette réforme est de transformer le système complexe des 42 régimes de retraite en un régime universel plus simple, plus lisible et plus juste.
La réforme des retraites devrait donc apporter plus de justice au système des retraites françaises.
Les régimes spéciaux, dont les régimes de retraites de la RATP et la SNCF qui profitent d'avantages historiques, sont donc dans le viseur du gouvernement.
Pourquoi ? Quels sont les avantages des régimes spéciaux ?
La question démographique
Pour maintenir l'équilibre financier d'un système de retraite, les régimes doivent présenter plus de cotisants que de retraités : le but étant que les premiers financent la retraite des seconds.
Au total, selon la Cour des Comptes et le Ministère de l'Économie, les régimes spéciaux présentent 490 000 actifs pour plus de 960 000 retraités.
Les régimes spéciaux coûtent donc cher à l'État et aux contribuables qui comblent le trou de financement des retraites de ces régimes spéciaux.
Les contribuables financent donc directement les retraites des agents RATP / SNCF; plus généreuses que la moyenne de l'ensemble des actifs français.
Dans le détail :
RATP : 42 483 agents cotisent pour 44 316 agents à la retraite en 2018
SNCF : 152 678 agents cotisent pour 270 433 agents à la retraite en 2018
Le déficit des régimes spéciaux coûte près de 5 milliards d'euros à l'État.
Âges de départ, et montant des pensions : des inégalités importantes
D'après les derniers chiffres de la Cour des Comptes, à carrière complète, les assurés qui sont partis à la retraite en 2017, ont connu une pension moyenne brute de :
Les chiffres de la Cour des comptes démontrent une certaine inégalité entre les salariés du privé et les assurés des régimes spéciaux.
Les assurés des régimes spéciaux profitent même d'un âge de départ et d'une pension moyenne brute bien supérieure à un autre régime, à priori avantagé à la retraite : les fonctionnaires. Ces derniers compensent des évolutions de salaire faibles par un mode de calcul avantageux de la retraite. Contrairement à la retraite des salariés du privé qui est calculée sur les 25 meilleures années, celle des fonctionnaires est calculée sur les 6 derniers mois. Malgré cette condition, les fonctionnaires sont loin de bénéficier des mêmes avantages que les agents de la RATP / SNCF.
Le projet de réforme porté par l'exécutif a notamment pour but de réduire les écarts de pensions importants entre les différents régimes de retraite.
"Un régime d'un autre temps"
L'autre argument avancé contre les régimes spéciaux est que les avantages acquis ne correspondent plus aux réalités du monde d'aujourd'hui.
Et pour cause, l'espérance de vie à 60 ans des conducteurs de train est aujourd'hui proche de celle des salariés du privé : soit 22.5 ans.
"Ces régimes ont eu toute légitimité à leur naissance et pendant longtemps. Ils sont aujourd'hui une insulte au principe d'égalité. [ ... ] Chaque année, le régime spécial des cheminots, gravement déficitaire, coûte plus de 3 milliards d'euros à la collectivité. [ ... ] Les syndicalistes de la CGT, de Sud Rail et les députés de la France Insoumise peuvent toujours évoquer des conditions de travail pénibles des cheminots comme les horaires décalés ou le travail de nuit, les chiffres rappellent la réalité : 140 000 cotisants à la SNCF pour 260 000 retraités.
Le train, véritable élixir de longue vie, maintient en forme et en bonne santé ! L'épopée du chemin de fer à vapeur est derrière nous. Le conducteur de train, fort heureusement, ne meurt plus en moyenne à 52 ans."
Pourquoi la RATP et la SNCF se mobilisent aussi fermement contre la réforme des retraites ?
Les arguments des syndicats contre la réforme :